Fin saison 2017/2018 et préparation de la saison 2018/2019 !

Bonjour à tous,

quelques dates à retenir en cette fin de saison imminente :

  • dernier cours de l’année : mercredi 20 juin (de 19h30 à 21h)
  • passage de grade (rappel) : samedi 23 juin (de 9h30 à 11h)
  • Assemblée générale (bilan annuel, projection sur la saison 2018/2019) : mercredi 27 juin (de 19h30 à 21h)

Les cours reprendront dès septembre 2018 pour une année encore plus riche en contenu 🙂 Pour les nouveaux pratiquants intéressés (sportifs comme non sportifs d’ailleurs) n’hésitez pas à venir essayer (âge minimum conseillé pour nos cours 2018/2019 : 14 ans).

Premier cours d’essai  gratuit.

N’hésitez pas à nous contacter par mail si vous avez la moindre interrogation : karatedonaidokan@gmail.com

Nous nous ferons un plaisir de vous répondre.

A bientôt sur les tatamis.

Démonstration karate do shotokai du 02/06/2018

Bonjour à tous,

Samedi 2 juin après-midi, notre club a participé à une démonstration organisée par le DAMSR (Dojo Arts martiaux Sud Revermont). Au programme :

  • une présentation de la pratique du judo avec les enfants et adolescents où nous avons pu assister à de belles chutes de judoka,
  • une présentation de la pratique du karaté. Nous avons mis l’accent sur la présentation de quelques fondamentaux : kihon, kata, bunkaï. Objectif : se faire plaisir quel que soit le niveau et partager en direct notre pratique au public présent ce jour.

Merci à DAMSR et encore une fois à la présidente Sonny VARICLIER pour sa confiance et sa gentillesse.

Réflexion martiale n°6 : comment interpréter le concept de “Do” dans le karaté Do Shotokai ?

Amis budoka bonjour,

aujourd’hui nous aborderons ensemble la notion fondamentale de “Do” dans le karaté do shotokai et plus globalement dans les arts martiaux japonais. Que faut il entendre lorsque l’on parle de “Do” ? Le sujet est vaste… Je vous propose ma compréhension du sujet.

Le concept de “Do” en shotokaï, traduit avant tout l’idée d’une voie, d’une recherche, d’un sens, d’une direction que l’on donne à sa pratique et plus globalement  à notre propre existence. La voie est un chemin qui doit nous permettre en tant que pratiquant de karaté de trouver l’épanouissement personnel à travers la pratique au dojo et plus généralement à travers l’expérience de la vie. Se cache derrière la voie, l’idée prédominante de vivre pleinement sa vie, de la polir constamment de manière à rentrer en résonnance avec son « moi véritable ». En ce sens, le karaté do peut alors être perçu comme un outil socio-éducatif contribuant à cette quête d’épanouissement personnel, de parcours menant vers une forme de perfection du caractère, de quête d’un idéal de la nature humaine. Il ne s’agit donc pas de voir le karaté uniquement comme l’agencement de techniques meurtrières (même si cela peut être le cas) mais d’associer à ces techniques un sens utile à notre développement corporel et spirituel. De manière plus générale, la voie de la main vide  (Karate Do) est donc celle de l’harmonisation de notre corps et de notre esprit. La technique doit servir la cause de la pratique et le karaté do doit nous aider à comprendre comment remplir notre être d’authenticité, d’harmonie, de paix intérieure et extérieure (intérieure : vis à vis de soi-même et extérieure : vis à vis des gens qui nous entourent).  Si la voie des arts martiaux a longtemps servi à détruire (les adversaires sur les champs de bataille), le do insiste désormais plus sur l’idée de construire les individus sur un plan corporel et spirituel. La voie est donc un chemin qui s’entreprend sur plusieurs années (pour ne pas dire sur une vie entière) : construire est en effet souvent bien plus long que de détruire…

Quoi qu’on en dise, la voie est un chemin que l’on suit seul car elle est un chemin avant tout personnel : notre équilibre (corporel, émotionnel, …) est relatif par rapport à nos expériences personnelles de la vie qui constituent un référentiel qui nous est unique, identitaire. Dans ce cadre, le rôle du senseï est donc d’aider le pratiquant à élargir ce référentiel. Mais attention, même accompagné, il appartient au pratiquant seul d’emprunter la voie avec travail, passion, volonté, curiosité et persévérance. Rien n’arrive jamais par hasard… Suivre la voie c’est d’abord être acteur de son changement.

Le senseï, n’impose jamais le chemin, il ouvre des portes et donne des directions. Il doit être un maître à penser pour éveiller corps et esprit du pratiquant et élargir la conscience de ce dernier sur ce qui ne fait pas sens à première vue. La complexité de notre monde inhibe parfois les sens de l’Homme… Les arts martiaux doivent aider à “ouvrir les yeux”.

La notion de “Do”  n’est pas inhérente au karaté. On retrouve en effet cette notion dans beaucoup d’autres arts martiaux japonais : Aikido, Kendo, Judo, etc… Même si la finalité du « Do » est commune à ces pratiques et vise le satori (l’éveil spirituel, la compréhension) chaque discipline propose en revanche des moyens différents pour suivre la voie et atteindre le stade de la compréhension.

Concernant le karaté do shotokai, les moyens sont historiques et prennent donc racines dans le passé. D’après les écrits shotokaï, on note que Maître Shigeru Egami vouait une recherche sur l’amélioration de l’efficacité de ses tsuki et donc de son karaté. Il s’est rendu compte que les tsuki de karateka manquaient sérieusement d’efficacité et qu’il y avait des raisons concrètes à cela. Il en est alors venu à proposer un karaté différent, moins rigide, basé sur les principes fondateurs suivants : être souple, relâché, détendu dans sa pratique pour tendre vers une efficacité accrue. La shotokaï repose donc sur la recherche de l’efficacité par la souplesse, le relâchement, la détente. Cela dit, si par « souplesse », « relâchement » ou « détente » on entend « molesse » alors le cadre de départ est déformé et il devient difficile de prétendre pratiquer le shotokaï. Comment alors s’inscrire dans la voie et la comprendre si les fondamentaux de la pratique ne sont alors pas assimilés, pire parfois même complètement ignorés ? Suivre la voie est personnelle certes mais s’inscrit dans un cadre très précis. L’élévation du corps et de l’esprit ne peut se faire si l’on fait n’importe quoi. L’apprentissage de la voie passe donc par des contraintes préalables qu’il est fondamental de respecter au risque de se perdre en chemin. La liberté n’a de sens que si l’on sait d’abord ce que sont les contraintes.

Suivre une voie exige donc en premier lieu de respecter un cadre, des principes de départ fixés par la dite discipline et de s’inscrire dans ces principes en connaissance de cause pour grandir et tendre peu à peu vers la compréhension. Ce sont ces principes qui permettent d’élargir la conscience et de comprendre progressivement la voie qui façonne harmonieusement corps et esprit. Ignorer ou rejeter les principes, c’est s’éloigner de la voie.

A bientôt.

Stage shotokaï national du 03 mars 2018 : retour d’expérience

Bonjour dans le cadre de ce stage national, trois experts shotokaï sont intervenus au gymnase Henon la Ficelle ce week-end à Lyon : Dominique Pierre (7eme DAN), Patrick Herbert (5eme DAN), Alain Hagopian (5eme DAN).

Ayant pu participé le samedi après-midi (14h à 18h), je vous fait un petit retour du travail réalisé lors de ce stage. Sur la base de ce qu’il me parait important ici d’évoquer, je dirai que le travail s’est principalement concentré sur des principes d’utilisation du corps en privilégiant :

  • [intervention de Patrick Herbert] la fluidité des gestes afin de minimiser autant que possible les “temps morts” freinant l’exécution des mouvements. Ce travail a été réalisé à partir de ligne de kihon en s’appuyant sur des techniques fondamentales (gedan baraï, oi tsuki, etc…) et en s’appuyant également sur des passages précis de katas fondamentaux dont heian nidan (première séquence de mouvements), heidan godan (séquence sur juji uke). Un second travail a été associé : celui de l’explosion de la force lors des percussions. Patrick Herbert évoque ici l’importance de la visualisation et de la respiration associées à la technique…
  • [intervention de Dominique Pierre] l’ondulation biomécanique du corps qui permet d’amplifier le transfert de force et qui est présenté dans ce stage comme un concept majeur transverse à toutes les disciplines martiales. Ce travail s’est fait sur la base d’un échange à deux et à trois où l’idée était de ressentir pour uke le travail d’ondulation correcte de tori. Bien entendu ce travail ne pouvait être bien exécuté que si l’état du corps de uke était suffisamment “connecté”… A cela un travail complémentaire sur irimi  a été présenté en intégrant au déplacement de irimi des concepts variés dont : rotation du corps (ten taï), convergence/addition des forces dans le  déplacement vers l’avant (concept des bras en triangle), etc…
  • [intervention d’Alain HAGOPIAN] la globalisation du mouvement en cherchant à trouver des relations de cohérence forte entre les membres inférieurs et supérieurs. Ce travail a été réalisé à travers l’exécution de différents katas supérieurs dont : tekki shodan, tekki nidan, bassaï daï et kanku daï.

Réflexion martiale n°5 : Comment continuer à progresser dans les arts martiaux après le 1er DAN ?

Bonjour à tous,

souvent lorsque nous arrivons à un certain niveau de pratique il devient plus difficile de continuer à progresser. Je vous fais donc part de mon expérience personnelle sur le sujet en espérant qu’elle puisse vous aider.

Deux schémas d’apprentissage existent dans les arts martiaux

  • Premier schéma : il est basé sur l’apprentissage indirect des principes d’utilisation universelle du corps via l’étude de formes et de techniques largement codifiées (karaté, judo, kung-fu, etc… illustrent ce schéma). A mon sens, ce schéma a été créé pour essayer de rendre la démarche d’apprentissage plus accessible à la population. Dans ce schéma, l’apprentissage ressemble à une forme de spirale ascendante dans laquelle le pratiquant repasse régulièrement par les fondamentaux pour les optimiser. Cela dit, trop souvent on constate que les pratiquants se contentent de l’apprentissage de la technique dans sa forme superficielle sans chercher à réellement l’explorer et à la remettre en cause. Ceci est, je pense, l’une des causes possible de stagnation ou de régression dans la pratique car elle ne permet pas d’accéder à la « connaissance supérieure ».
  • Deuxième schéma : il est basé sur l’apprentissage direct des principes d’utilisation universelle du corps (aunkaï, yi chuan, etc…illustrent ce schéma) et fait abstraction des catalogues techniques. Ce schéma d’apprentissage a un caractère plus direct vers l’essence de l’art martial, mais s’avère être plus fermé au sens où il s’adresse à des pratiquants beaucoup plus avertis. A mon sens, ce schéma d’apprentissage demande un niveau de maturité supérieure et une ouverture d’esprit affirmée. Dans ce cas de figure, l’apprentissage touche en plein cœur l’essence même de ce qu’est un art martial : l’art de façonner harmonieusement corps et esprit. Il s’agit donc d’un schéma d’apprentissage extrêmement intéressant.

En karaté-do shotokai c’est généralement le premier schéma d’apprentissage qui est exploité afin de rendre l’enseignement plus accessible au commun des mortels. Mais progressivement cet apprentissage doit tendre vers les concepts du deuxième schéma afin que le pratiquant transcende la technique et parvienne à dépasser le monde du visible. Je dirai donc que la voie du karaté shotokaï s’étudie en plusieurs temps.

D’abord la courbe de progression est ascendante (on découvre le visible, on est débutant)

Lorsque l’on débute le karaté, la progression est généralement nette : apprentissage des techniques fondamentales, apprentissage des katas, etc… Tout s’emballe car le contenu est dense et nouveau. Puis vient le temps ou nous récitons parfaitement nos katas à force de les avoir répétés, les termes techniques japonais nous deviennent davantage familiers… Nous sommes par ailleurs de plus en plus à l’aise avec la quantité d’éducatifs habituellement pratiqués au dojo… Et pour couronner le tout, grâce au travail et à la persévérance nous réussissons l’examen du Shodan (ceinture noire 1er DAN), ce graal tant espéré des débutants… Et après ?

La courbe de progression en vient à stagner (on persiste dans le visible, on est toujours débutant)

En tant que pratiquants honnêtes et sincères, nous tâchons de pratiquer assidûment mais malgré cela, les efforts fournis ne semblent pas vraiment récompenser notre travail à sa juste valeur. Nous doutons parfois de la pertinence de notre pratique. Puis progressivement, nous nous installons alors dans une routine qui ne semble pas réellement nous faire progresser car tout ce que l’on nous montre, nous pensons déjà le connaitre…L’ennui commence alors sérieusement à nous guetter et l’on se dit que l’on a très certainement fait le tour de la discipline. L’envie d’arrêter ou de découvrir une autre discipline martiale nous gagne et l’on se convint que le changement de discipline apportera son lot de nouveautés et qu’il nous permettra ainsi de continuer à progresser.

Lorsque l’on est sur la voie des arts martiaux, une telle réflexion démontre en réalité un manque de compréhension certain du sens de la pratique. Cela signifie que contrairement à ce que nous pensons, nous sommes fondamentalement toujours de grands débutants et que le vrai chemin vers la connaissance supérieure de l’art martial n’a pas réellement commencé… Mais alors, comment procéder à ce stade de la pratique ?

Il convient de pratiquer avec davantage de méthode et d’intelligence (on se détache du visible, on devient avancé dans la pratique)

Souvent on croit que la solution consiste à « répéter davantage les choses pour s’améliorer ». En clair on se dit que l’on ne progresse plus car on ne répète tout simplement pas assez ce que l’on « sait » déjà. Cela est à moitié vrai car quid de la répétition d’un geste mal appris, mal intégré ? Dans ce cas précis, la répétition ne fera en fait que confirmer un mauvais pli acquis lors de notre pratique. En clair la répétition fera de nous des pratiquants encore plus « mauvais ». La répétition n’est bonne que lorsque le geste est compris.

A mon sens, le grand voyage en terre martiale peut sérieusement commencer sous condition d’intégrer à minima les trois points suivants à sa pratique :

  • Premier point : franchir la barrière des certitudes et savoir se remettre en question

Etre prêt à découvrir l’essence de l’art martial signifie vouloir remettre en question tout ce que nous considérons comme étant actuellement acquis. D’années en années, il est facile de laisser des habitudes s’installer mais quand les habitudes sont mauvaises, il faut y remédier. La recherche de facilité n’est pas la voie des arts martiaux, soyons en sûr ! Bien souvent à ce stade il va falloir tester, casser/adapter les bases pour confirmer/réfuter et ainsi tendre vers une reconstruction plus optimale. C’est une phase délicate que peu de pratiquants s’imposent car à court terme, on redevient en quelque sorte « fragile » dans sa pratique. En revanche sur du long terme, on capitalise et cet effort de remise en cause pourra générer de nombreuses vertus : il aiguisera notre propre esprit d’analyse, il améliorera notre technique et il nous apprendra à descendre de notre piédestal en nous rappelant qu’il faut être humble, sincère et honnête vis-à-vis de sa pratique. Savoir se remettre en question est un pré requis indispensable pour progresser. Accepter la critique constructive et pertinente fait parti de ce premier point.

  • Deuxième point : élargir sa conscience en apprenant à voir et non à regarder

Une fois le premier point accepté, il faut apprendre à voir et non à regarder. L’ivresse technique est un leurre lorsque l’on ne sait pas voir et c’est là un fondement auquel il faut prêter attention au risque de se noyer. Elargir sa conscience consiste à voir au-delà des apparences. Par conséquent bien souvent on stagne car l’on ne sait pas réellement voir le mouvement, ce que cache concrètement la technique. Tout enseignement martial doit mener à comprendre ce que signifie « voir ». Pour parvenir à cela, plusieurs possibilités complémentaires s’offrent à nous : poursuivre une pratique régulière et assidue et être bien guidé, suivre des stages, se documenter en lisant toutes formes d’ouvrages sérieux sur les arts martiaux.

  • Troisième point : se faire confiance, croire en soi et s’accrocher

Ce qui peut également nous freiner dans la progression se sont les jugements extérieurs sur notre pratique qui visent à dévaloriser/décourager notre transformation incomprise. Parfois des gens se permettent en effet de remettre en cause et de juger gratuitement notre travail et nos valeurs sans argument construit. Mais on le sait bien : critiquer ou ignorer volontairement quelque chose que l’on ne comprend pas est plus facile que de fournir l’effort de chercher à le comprendre. Ne nous arrêtons donc pas à de telles attitudes indignes qui n’ont pas leur place dans le karate-do. Considérons bien au contraire le changement dans la pratique comme un processus d’amélioration conscient qui doit tendre vers une harmonisation corps/esprit plus maîtrisée et donc plus aiguisée. Il n’y a rien de plus sincère et honnête pour un pratiquant que d’être dans une dynamique qui tend à vouloir comprendre l’essence même de l’art martial. Il n’y a donc pas de place pour les médisances et la bassesse dans une recherche aussi pure que celle des arts martiaux. Croyons donc en nous et accrochons nous.

En appliquant ces trois points, je peux vous garantir que la pratique aura une marge de progression incroyable.

Reste à savoir désormais si l’on est prêt à oser franchir le cap ?

Amis budokas, à bientôt pour une prochaine réflexion martiale.

Réflexion martiale n°4 : tendu, détendu, relâché, mou ; ne pas se méprendre dans sa pratique shotokaï…

Bonjour à tous !

Je vous propose aujourd’hui un sujet particulièrement complexe à appréhender mais d’une haute importance. Il s’agit en effet des notions de « tension », « détente », « relâchement » et « mollesse » dans le shotokai et les arts martiaux en général. Bien que l’on associe souvent la « détente » à l’esprit et le « relâchement » plutôt aux fonctions corporelles (principalement aux muscles), pour ces deux notions, j’aimerai spécifiquement apporter quelques nuances sur la manière dont je vois personnellement les choses par rapport à la pratique martiale. A mon sens, il est impératif de savoir en tant que pratiquant ce que l’on met derrière de tels concepts et surtout quelles sont les conclusions à en tirer pour la pratique…

Pour cela, prenons donc quelques images pour tenter de clarifier le propos.

La métaphore de l’élastique et de la marionnette articulée

 o   Etat de tension : lorsque je tire entre deux doigts un élastique, celui-ci se tend pour prendre un état d’étirement que je nommerai ici état de « tension ». L’élastique sous « tension » acquiert une force de réaction lié à son étirement. Il emmagasine une certaine énergie qui pourra éventuellement être exploitée à des fins de projection. Une surtension entrainera par ailleurs la rupture de l’élastique… Mais là n’est pas le sujet aujourd’hui.

A partir du moment où l’élastique est étiré entre nos doigts, s’ouvre alors à nous trois nouvelles possibilités distinctes :

o   Etat de détente : on peut choisir de « détendre » l’élastique : auquel cas il reste entre vos doigts mais conserve un certain état de tension contrôlée que j’appellerai ici état de « détente ». Cela signifie que l’on réduit la tension mais que cette dernière persiste encore dans l’élastique. J’associe donc la détente à une notion de tension (au sens élasticité) réduite mais persistante. On parle d’ailleurs souvent de la détente d’un gardien lorsqu’il saute pour arrêter un ballon ou de la détente d’un basketteur lorsqu’il s’élance vers le panier pour faire un dunk…, On fait ici référence à la qualité de l’étirement qui surgit et persiste dans le mouvement et qui vient donc optimiser ce mouvement.

o   Etat de relâchement : on peut choisir de « relâcher » l’élastique : auquel cas il perd la « tension » que nous lui avions préalablement ajoutée. Dans ce cas, l’élastique revient naturellement dans son état initial que je nomme ici état « relâché » : état dans lequel l’élastique n’est en fait pas soumis à un surplus de tensions. Sa tension native lui suffit à préserver sa forme d’origine.

o   Etat de mollesse : on peut choisir de relâcher l’élastique tout en exerçant en plus une pression supplémentaire sur celui-ci pour l’écraser. A ce moment l’élastique repasse par son état « relâché » mais en plus subit une déformation : il devient « mou » signifiant pour moi, qu’au-delà d’une perte de tension élastique évidente, il se déforme, se déstructure par rapport à sa forme d’origine. Il perd sa forme intrinsèque de maintien et ne pourra être à nouveau étiré sans repasser par sa forme d’origine.

Par conséquent « relâchement » n’est en aucun cas un synonyme de “molesse”. Trop souvent en shotokai on constate en fait que les mouvements sont « mous » et non pas « relâchés », ils manquent en fait de substance élastique cohérente et homogène pour entraîner intégralement le mouvement. Un mouvement sans substance élastique est “vide”. A contrario on le caractérisera de “plein” si l’élasticité juste de tout le corps est correctement maintenue.

Pour faire le parallèle avec une marionnette articulée :

si les ficelles qui relient la marionnette à son support mobile sont « molles », la marionnette tombe et aucune expression de mouvement fluide et naturel ne peut lui être directement transmise. Il faut donc trouver la tension juste (au sens étirement et non pas contraction) pour transmettre le mouvement juste et donner ainsi vie et crédibilité aux mouvements de la marionnette.

Le corps humain, une structure élastique complexe

A présent, si la métaphore de l’élastique et de la marionnette aident déjà à y voir un peu plus clair, il faut désormais être capable de transposer ces notions sur le corps humain pour que cela soit profitable dans les arts martiaux. En fait, le corps humain est bien plus complexe qu’un simple élastique. Le corps doit être vu effectivement comme un réseau d’élastiques en interactions (principe de « tenségrité »), le tout étant pilotable par le cerveau (grâce aux intentions). Le contrôle des élastiques dépend en réalité de vos habitudes posturales et de votre état émotionnel qui conditionne votre état corporel. Ceci veut dire que l’état du corps dans lequel vous êtes, par exemple en lisant cet article, ne garantit pas que vous soyez « relâché ». Il peut persister en vous des tensions inutiles au maintien efficient de votre posture (par efficient j’entends : un minimum d’effort pour un maximum d’efficacité). Le pire c’est que vous n’avez même pas forcément conscience de vos tensions excessives à cause des habitudes bien ancrées dans votre cerveau.

Sur un plan martial, la première étape est donc de prendre conscience déjà de ces tensions inutiles (ici au sens contraction et non étirement) par des exercices adaptés. Dans un deuxième temps, il conviendra d’effacer ensuite ces tensions afin d’acquérir un réel état de relâchement corporel (sur ce point là, effacer les tensions inutiles requiert une réelle expertise et c’est l’un des buts du shotokaï que d’y parvenir). Enfin, vous devrez apprendre progressivement à acquérir la maîtrise de votre réseau élastique corporel dans son intégralité pour “connecter” votre corps et tendre vers une qualité de mouvement supérieure. Corps et esprit devront alors bien s’entendre et fonctionner en parfaite harmonie. Cela dit, ne vous méprenez pas ! Exploiter le réseau élastique de votre corps ne signifie pas s’étirer visuellement en croyant que : “plus je travaille bas et grand, plus j’active mon réseau élastique”…Cela est très piégeux de penser ainsi et c’est à mon sens ce qui a pu conduire parfois en shotokai à certains travers ou quiproquo qui mènent droit dans le mur… Il y a du bon à travailler bas mais cela n’est pas suffisant pour comprendre la subtilité de votre propre structure élastique dans son intégralité. L’étirement dont je parle est plus profond que cela, il est au cœur même de votre mouvement et repose sur le principe de l’intention (Yi) et des forces contradictoires (Yin et Yang)… en clair, le réseau élastique que j’évoque est parfaitement activable même en partant d’une posture debout telle que hachi ji dachi… Des exercices précis existent pour ressentir ce réseau élastique et réussir à l’activer. Alors il sera possible à votre corps de devenir non pas « contracté » mais « ferme », « dense », ce qui est très différent !  Ceci étant, l’activation d’un tel réseau  demande du temps mais surtout de bons conseils et au final une réelle expertise. Il s’agit d’un travail fin, complètement haut de gamme qui reflète, à mon sens, la réelle profondeur des arts martiaux. Ainsi, le senseï à un rôle capital pour vous aider à comprendre et ressentir le travail permettant de tendre vers la maîtrise du mouvement « juste », le mouvement qui intègre de manière consciente la fermeté à travers le relâchement.

Sans rentrer plus dans les détails, je vous laisse donc réfléchir à toutes ces notions d’une extrême importance pour optimiser votre travail : suis-je tendu, détendu, relâché, mou ? Comment éveiller la substance élastique en moi et surtout de manière cohérente quelque soit le mouvement ? Comment puis-je rendre au final mon shotokai plus pertinent dans son approche ? Seule une activation juste de votre structure élastique corporelle, permet de faire circuler pleinement l’énergie dans votre corps et vous ouvre les portes “secrètes” de l’art martial où corps et esprit ne font plus qu’un.

Sachez que cet article est loin d’être complet mais il donne déjà des grandes lignes et livre, je pense, une bonne base de travail pour progresser dans la voie des arts martiaux. Certes, le sujet est complexe et cela peut laisser sceptique mais le jour où ces éléments vous parlerons, vous verrez en eux comme des évidences… C’est certain.Vous vivrez alors une réelle révolution dans votre karaté ! Vous aurez alors franchi à mon sens un nouveau stade d’éveil dans votre pratique…

A bientôt pour une prochaine réflexion martiale ^^

 

Réflexion martiale n°3 : Senpaï, celui qui est né avant nous dans la pratique…

Bonjour amis budoka, j’espère que vous allez bien.

Aujourd’hui la réflexion proposée concerne principalement les senpaï, mais pas n’importe lesquels : je parle de ces anciens pratiquants, nés avant nous dans la pratique et qui nous ont aidés à travers les keiko pour perfectionner notre art. Dans ma pratique, je me souviens en effet avoir côtoyé beaucoup de senpaï et pour lesquels j’ai aujourd’hui un profond respect. Il s’agit de ces pratiquants qui ne font pas spécialement de bruit pendant les cours et qui viennent régulièrement s’entraîner avec plaisir et motivation. Des pratiquants qui ont un certain niveau de connaissances martiales et qui nous ont inspirés un moment donné. Des pratiquants qui respirent bienveillance et simplicité et avec qui l’on peut discuter de tout et de rien à la sortie du keiko… Des pratiquants qui donnent en fait une saveur supplémentaire au cours … Ces gens, pour moi, témoignent d’une vraie qualité d’âme. Une qualité qui ne se construit pas sur des apparences mais sur des valeurs fondamentalement bienveillantes. En effet, les apparences peuvent être trompeuses comme je le dis souvent : « l’Homme qui vous veut du bien n’est pas toujours celui qui vous sourit, vous salue ou vous félicite ». Sachez discerner le vrai du faux. Sachez cerner les âmes « véritables » de celles qui jouent et feintent de l’être. Sachez « lire » la personne qui vous fait face. Cette remarque vaut bien sûr pour la vie quotidienne mais aussi pour une situation de kumite où les intentions doivent être comprises rapidement sous peine d’en payer le prix. Il faut bien en avoir conscience même si cela n’est pas toujours évident, c’est important. Le karaté a beaucoup à nous apprendre sur ce point.

En conclusion, je tenais donc à remercier tous ces senpaï qui nous font grandir à travers la voie des arts martiaux. Sachons les repérer lors des cours et considérons-les à leur juste valeur car ils apportent au-delà de l’aspect purement technique, des valeurs humaines qui font d’un club, sa vraie richesse.

A bientôt pour notre prochaine réflexion martiale qui s’annoncera technique…

Les vidéos arrivent !

Bonjour à tous,

la première vidéo est désormais accessible sur notre rubrique vidéo. A travers cette rubrique spéciale, nous présenterons de courtes vidéos à but “pédagogique” pour vous faire comprendre progressivement le travail que nous menons pour développer le karaté do shotokaï.

Ces vidéos sont également consultables sur notre chaîne dédiée YouTube .

En espérant que vous puissiez prendre du plaisir à regarder ces vidéos et à vous en inspirer pour votre pratique 🙂

A bientôt.

Réflexion martiale n°2 : sports de combat et arts martiaux, même combat ? Quid du Shotokai ?

Bonjour à tous,

je vous propose aujourd’hui une nouvelle réflexion martiale qui mérite à mon avis de s’arrêter quelques instants, car en effet, elle prête souvent à confusion. Les apparences peuvent être trompeuses… Je vais volontairement caricaturer les choses pour tenter de vous aider à comprendre la différence entre sports de combat et arts martiaux. Je vous propose ici une brève synthèse concernant ces deux formes de pratique.

Sur la base de mon expérience personnelle, je résumerai les choses ainsi :

  • Quand l’une cherche la victoire sur l’adversaire, l’autre cherche la victoire avec le partenaire,
  • Quand l’une privilégie le spectacle, l’autre privilégie l’action discrète,
  • Quand l’une se soucie du plus fort, l’autre veille à renforcer le plus faible,
  • Quand l’une prépare le champion de demain, l’autre construit l’Homme du présent,
  • Quand l’une cherche à récolter les médailles, l’autre cherche à cultiver les fruits de la sagesse,
  • Quand l’une se stoppe à un certain âge, l’autre se poursuit jusqu’à un âge certain,
  • Quand l’une impose des règles compétitives, l’autre enseigne des règles universelles.

La première est sportive, la deuxième est martiale.

En réalité si sports de combat et arts martiaux travaillent tous deux sur le corps et l’esprit, ils sont pourtant bien différents dans le fond. Pour moi, ces deux formes de pratique sont comme l’océan : si l’on survole du regard ce dernier, on perçoit seulement l’eau jusqu’à l’infini . En revanche  si l’on dépasse les simples apparences alors on peut voir dans l’océan plus qu’une simple étendue d’eau. On distinguera alors d’une part la surface visible et agitée des houles (le sport de combat) et d’autre part le fond invisible et calme empli de mystères (les arts martiaux). Deux versants différents d’un même océan… Il ne faut donc pas se limiter aux apparences. Il conviendra donc désormais de bien distinguer karaté “sportif” et karaté “martial” même si l’ensemble est regroupé sous l’appellation unique de “karaté”.

Mais alors qu’est ce qui est mieux en terme de pratique : sport de combat ou arts martiaux ? En réalité, cette question n’a strictement aucun sens dès lors où ces pratiques ne visent pas les mêmes objectifs et ne s’adressent donc pas aux même personnes, aux mêmes besoins. Il appartient seulement au pratiquant de savoir ce qui lui correspond le mieux pour son besoin d’épanouissement personnel. En revanche, soyez sûr d’une chose : à travers ces deux formes de pratique, si les objectifs sont différents, le travail technique l’est aussi.

Pour l’heure, le karaté do shotokaï est donc bien un art martial et non un sport de combat. Aucune compétition n’est préconisée dans ce style de karaté (bien qu’elle ne soit pas formellement proscrite pour autant). En shotokaï le seul adversaire : c’est nous même. Sa pratique est avant tout conçue pour développer une utilisation fine du corps par l’esprit et espérer longévité au pratiquant. D’ailleurs cette philosophie martiale n’est pas spécifique au shotokaï. Je dirai même qu’elle est l’essence des arts martiaux en général. Elle puise en réalité ses sources directement de Chine via le kung-fu Shaolin, qui avait pour objectif premier de tonifier les moines du temple par la mise en application de formes précises. Pratiquer un art martial c’est donc chercher la connaissance subtile du corps alliée à la puissance de l’esprit.

Enfin je terminerai par une petite digression mais qui à mon sens s’impose dans cet article. L’usage de gants de protection lors d’entrainement martiaux a parfois une connotation sportive auprès de certains puristes qui associent l’image du gant à la pratique d’un karaté sportif. Personnellement je ne partage pas cette vision. Pour moi, l’usage de gants ne caractérise en rien le fait que la pratique soit sportive ou martiale. Ce n’est pas cela qui détermine si l’on pratique un sport de combat ou un art martial. Les gants ne sont qu’un moyen permettant d’aborder des objectifs qui peuvent être : ou sportifs, ou martiaux. Ne confondons donc pas moyens et objectifs. Ainsi gants et shotokai sont deux termes, qui à mon sens, restent parfaitement compatibles. Il faut juste bien savoir ce que signifie pratiquer un sport de combat et pratiquer un art martial et ne pas perdre de vue ce que l’on étudie.

Amis budoka, j’espère que ma vision des choses vous parle et qu’elle fait écho à votre vision actuelle. Si tel n’était pas le cas, ce n’est pas grave car l’objectif de ces réflexions est avant tout de mettre à plat des sujets martiaux variés, qui n’ont qu’une seule prétention : le plaisir de partager.

Rendez-vous pour une prochaine réflexion martiale ^^

A bientôt.

Réflexion martiale n°1 : de la technique shotokai doivent naître des principes, des principes naîtra le corps martial

Voici la première réflexion martiale que je vous propose aujourd’hui. Je vous partage ces quelques lignes non pas comme un répertoire de vérités mais plutôt comme des supports à la réflexion qui m’aident d’une part à structurer ma pensée mais qui d’autre part pourraient vous aider à éclaircir la votre ou du moins vous amener à vous interroger sur le rôle de la technique. Il s’agit bien entendu d’une réflexion que j’essaye d’appliquer personnellement à chaque entrainement depuis maintenant plusieurs années.

La technique est un socle d’apprentissage dont il faut se méfier lorsque l’on souhaite franchir un cap dans sa pratique shotokaï

Les techniques sont bien souvent codifiées à travers des formes, standardisées et respectent donc des critères bien précis. En effet, notre conditionnement sociétal fait que nous avons pris pour habitude de ranger, classer, structurer les choses de manière à les rendre identifiables, exploitables, uniques, comparables, précises. Il suffit de voir l’existence de nos fameux dictionnaires pour s’en convaincre. Tout est conceptuellement bien rangé dans ce monde dans lequel nous vivons. Il n’y a en réalité pas de place pour l’indescriptible, le « entre deux »… Du chaos est né le cosmos, je n’invente rien. La technique est au final similaire à un mot du dictionnaire : un moyen concis, précis, permettant de véhiculer un sens, une idée (en réponse à une attaque par exemple). Au même titre que lorsque l’on apprend une langue, il est donc normal au début de vouloir enrichir son vocabulaire martial. Oi tsuki, uraken uchi, empi uchi, age uke, mae geri, tobi geri, gyaku tsuki, otoshi, etc…autant de noms différents que de techniques différentes… un vrai « catalogue » et il y en a pour tous les goûts… Il est encore plus vrai pour le pratiquant actuel de vouloir enrichir sans cesse son catalogue martial dans une société où l’on nous pousse à consommer à outrance et à nous inciter à vouloir toujours plus. Mais est ce bien important sur le plan martial de “collectionner” des techniques ? Connaitre par exemple 20 katas signifie-t-il réellement qu’ils sont bien maîtrisés et intégrés ? Pas si sûr… Personnellement se recentrer sur l’essentiel me parait hautement plus profitable mais au combien plus difficile… On ne peut pas tricher avec l’essence des choses car cela se voit rapidement… Il faut avoir conscience que vouloir collectionner des techniques sur du long terme est un vrai risque d’éparpillement et de dilution pour la pratique. Se noyer dans des amas techniques est pourtant chose courante : on finit par se perdre et ne plus voir l’essence des choses, l’ADN de l’art martial. Du coup on ne fait que survoler son art.

Soulignons également que la technique de par sa forme imposée sclérose le pratiquant dans son évolution s’il ne sait pas voir : on apprend des formes que l’on répète inlassablement en justifiant que le temps fera son affaire. Cela se saurait si les choses étaient si simples. La technique est un passage mais en rien une finalité…

Aussi, on constate souvent que dans les styles, c’est finalement la technique qui cloisonne en créant des communautés qui ne se comprennent qu’entre elles car le langage utilisé est “propriétaire”. En effet l’apprentissage d’un style nous pousse malgré nous à vouloir cultiver notre différence technique au regard des autres communautés martiales, comme si la technique que nous pratiquions était la seule vérité. Attention, perçue ainsi, la technique au lieu de rassembler, divise.

Bref il faut se méfier de la technique et du purisme trop rigide qu’on peut lui associer. Comment percevoir la technique alors pour qu’elle puisse faire grandir et surtout pour qu’elle puisse devenir plus universelle ?

Pour aborder correctement la technique il faut d’abord bien considérer nos différences corporelles respectives

Partons d’abord du constat évident, mais trop souvent négligé, que tous les individus ne possèdent pas les mêmes caractéristiques physiologiques : grandes ou petites jambes, souplesse ou raideur articulaire, forte ou faible densité musculaire, fibres musculaires courtes ou longues, hyper cambrure ou non, etc… Nous naissons avec un capital génétique, système d’information complexe qui code nos points forts, nos points faibles, notre corps, notre être entier. Bien entendu l’expérience de la vie acquise au fil du temps nous permet d’influer sur notre corps et permet de jouer sur certaines variables offertes par la nature mais la variabilité est parfois mince. En effet faire le grand écart par exemple, n’est bio-mécaniquement  pas possible pour tout le monde. C’est pourquoi insister sur de tels compétences lors d’entrainement peut être complètement contre productif voir même destructif à terme pour le pratiquant : crispation, sur sollicitation articulaire, blessures prématurées, frustration, arrêt de la pratique, etc… Dans ce schéma de pratique la sélection naturelle suffira à dire que vous n’êtes pas prédisposé pour telle ou telle pratique ou pire, que les arts martiaux ne sont tout simplement pas faits pour vous. C’est bien triste de se fixer des barrières illusoires avant même d’essayer. Les arts martiaux sont accessibles à tous si l’on voit la pratique sur le bon angle. La technique doit pouvoir s’adapter au corps du pratiquant. Pour cela il faut élargir sa propre conscience sur ce qu’est réellement la technique et sa finalité. La technique juste doit permettre à chacun de trouver l’essence des choses, ce que je nommerai ici : les principes universels. Par conséquent, s’imposer une somme de critères techniques s’il n’y a pas de recherche de principes derrière me semble très limité pour évoluer dans la pratique…

Pour aller plus loin, il faut élargir sa conscience pour intégrer les principes universels

Celui qui ignore qu’il ignore n’ira malheureusement pas loin sauf si une personne l’aide à ouvrir les yeux. En revanche une personne qui a conscience de son ignorance est déjà plus avancée à mon sens… Ce à quoi il est fondamental de réfléchir, pour tendre vers un karaté plus subtil, est donc d’élargir sa conscience pour trouver comment faire jaillir d’une technique, des principes. En effet trouver une gestuelle universelle qui transcende la technique et qui peut être intégrée par chacun de nous quelque soit notre morphologie, notre style martial d’origine est essentiel. Un langage commun, partageable et intégrable par tous. Je parle ici du langage universel du “corps martial” : celui du mouvement libre qui se détache de la forme et qui démontre une compréhension fine de votre technique. Le mouvement qui témoigne d’une utilisation « juste » d’un corps au service de l’esprit. A ce stade de conscience, la technique n’aura plus de saveur stylisée mais une saveur universelle imprégnée de principes profondément ancrés en nous. On n’exprimera donc plus des techniques dans sa pratique mais seulement des principes : la vision  à ce stade est clairement différente en terme de pratique. Il s’agit d’une vision martiale avancée. Le seul moyen de parvenir à ce langage universel donc, est à mon sens de construire sa pratique non pas comme un catalogue de techniques à collectionner mais plutôt comme un catalogue de principes universels à identifier et à intégrer. Des principes dits « universels » car ils reposent sur des lois physiques universels et sont exploitables par chacun de nous indépendamment de notre physiologie, de nos origines, etc… Ils sont en latence et attendent seulement l’éveil. Respecter scrupuleusement une forme ne suffit pas pour comprendre réellement les arts martiaux : au contraire elle peut tout aussi bien faire progresser positivement (se rapprocher des principes) ou négativement (s’éloigner des principes) si l’on n’est pas attentif. La voie mène parfois sur de fausses pistes. Il faut donc être vigilant et parfois savoir transiger avec le purisme des formes pour comprendre et réveiller ce potentiel enfoui sous la technique. Il faut savoir faire de notre technique une gestuelle transdisciplinaire, une gestuelle de la forme sans forme (ce qui rejoint sur ce point les idées véhiculées par Bruce Lee soit dit au passage). Intégrer un principe universel est donc évidemment bien plus puissant que de vouloir posséder un catalogue de techniques. Si la technique fonctionne dans un cadre donné pour un physique donné, un principe fonctionnera quasiment dans tous les contextes pour tous les physiques. Du principe intégré pourra alors jaillir une infinité de possibilités techniques solides et cohérentes. Il faut en effet apprendre à exploiter son corps et à le former de manière à réaliser que n’importe quel mouvement du corps puisse devenir martial (ce qui élargi le champ des possibles par rapport au catalogue technique de départ). La finalité est alors non pas de collecter des techniques mais d’obtenir la compétence mère, celle du corps martial, compétence au combien puissante. C’est exactement cela qu’il faut trouver à mon sens par la pratique pour prétendre pratiquer les arts martiaux.

Ainsi, je suis convaincu que la création d’un style n’a donc de sens que s’il permet d’accéder à ces fameux principes universels, sans quoi la pratique sera à long terme, je pense, triste, limitée, inefficace et en sommes bien fade.

Pour moi, un pratiquant expérimenté est donc reconnaissable non pas à la teinte de sa ceinture ni même dans le nombre de mouvements qu’il connait. Le niveau sera supérieur à partir du moment où le nombre d’ingrédients intégrés à un mouvement unitaire simple (gedan baraï par exemple) fera de ce mouvement simple un mouvement de haute couture démontrant l’usage de principes universels maîtrisés. A ce moment alors la technique ne sera plus, elle s’effacera pour laisser libre expression aux principes traduisant simplement le mouvement juste. A ce stade, le champ des possibles deviendra alors d’une profondeur infinie… n’importe quel mouvement réalisé deviendra martial ; corps et esprit seront parés pour s’adapter à n’importe quelle situation. La technique deviendra alors un mouvement d’artiste martial, un mouvement qui dépassera les frontières purement stylistiques, le mouvement exprimé par un corps libre, disponible et naturel.

A tous ceux pour qui ces éléments ne sont pas évidents, je vous invite grandement à y réfléchir… Les bénéfices en sont immenses pour la pratique. En espérant que cela puisse sincèrement vous aider.

On se retrouve pour une prochaine réflexion martiale ^^

A bientôt.