Actualités

Fin de saison 2018/2019

Bonjour,
la saison de karaté s’est terminée le 22 juin.
Je tenais à remercier tous les pratiquants qui ont suivis mon enseignement durant cette année sportive 2018/2019.

Merci pour l’intérêt et la confiance que vous portez à mes cours.

A bientôt.

Alexandre.

Retour d’expérience sur le stage shotokai du 12 mai 2019 organisé par oi kaze kan (Valence)

Stage karaté shotokai du 12 mai 2019 organisé par oi kaze kan (Valence)

Bonjour,

ce stage tout niveau a été pour notre club, l’occasion de pratiquer le shotokai à Valence. La thématique globale reposait sur l’étude des katas et des bunkais. Ce stage était sous la direction de Nicolas Moulin senseï (5ème DAN Nihon Karate do shotokaï et Fédération Française).

Au programme, plusieurs points ont été travaillés (ci-après un résumé dans les grandes lignes) :

  • Sur le matin :
    • Focus sur la notion de centre : le corps doit être équilibré dans la statique comme dans la dynamique (ne pas se pencher, ne pas chercher à s’écraser au sol sur ses postures,…). Plusieurs techniques élémentaires ont été étudiées pour illustrer ce principe de centre dont : ayumi ashi, oi tsuki, … Des bases techniques ont été notamment revues en guise d’introduction pour la pratique des katas.
    • Révision de katas fondamentaux dont : taikyoku (shodan, nidan et sandan), heian shodan, heian nidan, heian sandan, heian yodan, heian godan
    • Initialisation d’un travail de bunkaï à trois à travers lequel l’état zanshin était demandé afin d’exécuter à tour de rôle un bunkaï sur le début d’heian sandan (un uke et deux tori).
  • Sur l’après-midi :
    • Travail respiratoire et plus profond à travers l’étude du kata sanchin : en individuel dans un premier temps et testé à deux ensuite pour vérifier la qualité de connexion corporelle
    • Exécution du kata hangetsu
    • Travail par trois, cette fois-ci sur des bunkaï d’un kata au choix
    • Séparation ensuite par niveau pour un travail de kata adapté au niveau de chacun (bassaï daï, gankaku, etc…)
    • Démonstrations de bunkai à trois par niveau
    • Démonstrations de katas avec armes (bo)
    • Démonstration individuelle du kata seienshin
    • Exécution collégiale du kata gankaku par les ceintures noires

Merci au club oi kaze kan pour leur accueil chaleureux et les conseils techniques échangés au cours de la journée.

Retour d’expérience sur le stage FFK du 20 Avril 2019 (Lyon)

Stage du 20 Avril 2019 avec Jean-François Tisseyre expert fédéral 7eme DAN (photo FFK)

Ce stage était placé sous la direction de Jean-François TISSEYRE, 7ème DAN, expert fédéral et délégué aux grades. Les objectifs de ce stage ont été concentrés sur les épreuves attendues pour les passages de grades du 1er au 5ème dan, principalement sur le kihon et ses dérivés (kihon sur place, kihon multidirectionnel, kihon sur cible, kihon ippon kumite).

Je noterai plusieurs points importants lors de ce stage (sur la partie du matin réservée aux jurys d’examen et professeurs) :

  • bien travailler ses fondamentaux car c’est sur une base solide que l’on peut évoluer et grandir dans sa pratique
  • L’enveloppe d’un mouvement ne suffit pas, il faut cultiver une dimension interne et prendre conscience peu à peu des nombreux détails qui régissent le mouvement
  • le haut niveau c’est “simple” en considérant que “simple” signifie “clair”. Il faut donc rester clair et cohérent dans sa pratique
  • Rester également pragmatique dans son travail
  • Ne pas travailler les exercices de passage de grade uniquement pour le passage de grade mais les travailler surtout pour améliorer sa pratique et trouver une progressivité et des passerelles : du kihon au kumite des liens forts existent.

Les vidéos kata shotokaï arrivent !

Bonjour à tous.

Les vidéos kata (forme shotokai) arrivent sur notre chaîne youtube.

Ces vidéos seront postées au fil du temps. Elles auront pour rôle d’aider les pratiquants à mémoriser les trames de katas selon la forme shotokai que nous pratiquons au dojo. J’ai conscience qu’il existe plein de façons différentes de réaliser un kata (je dirai même que selon les dojos, les styles ou les objectifs personnels de travail, le kata est un outil polymorphe sans limite). Notre chaîne vous présentera modestement notre façon d’exécuter les katas shotokaï.

En ce qui concerne notre dojo (Naidokan), la forme que nous pratiquons repose sur un compromis entre recherche de fluidité des mouvements et explosion de force.

  • Par fluidité il faut comprendre que les mouvements s’appellent les uns les autres afin de minimiser les ruptures inter-mouvements : du carré nous recherchons plutôt la courbe, le cercle, la liaison.
  • Concernant l’explosion de force, nous la réservons à l’instant décisif du ippon afin de ne pas “casser” toute la dynamique de mouvement qui précède et amène le ippon. Ceci étant, faire exploser la force à chaque mouvement (sur chaque défense et/ou sur chaque attaque) n’est clairement pas une erreur mais correspond juste à une recherche différente. Par ailleurs, précisons que pour faire exploser la force, le kiaï n’est pas obligatoire en shotokai car il est en effet possible d’unir la force globale du corps et de l’esprit sans kiaï (objectif du travail interne).

Enfin, ne pas oublier que la forme est un outil et que derrière la forme, il faut réveiller des principes. Ainsi, les katas sont au final comme des laboratoires expérimentaux : ils doivent permettre de tester en action les principes du corps et de l’esprit…

A bientôt ^^

Stage du 16/02/2019 : merci aux participants

Evénement du 16/02/2019 : merci aux participants !

En espérant sincèrement que ce stage vous a apporté une nouvelle façon d’explorer la pratique de votre karaté.

Comme nous l’avons vu ce matin, le travail est très fin et demande du temps pour être parfaitement maîtrisé. Ne lâchez rien : les progrès apparaîtront peu à peu ^^

A bientôt.

Agrandir le mouvement “de l’intérieur” en shotokai

Amis budoka bonjour !

Cette nouvelle réflexion intègre un élément de recherche martiale que je souhaite partager avec vous.

Personnellement je pense qu’il ne suffit pas de faire de grands mouvements pour prétendre pratiquer un bon karaté shotokai.

Par “mouvement”, je fais ici référence à des mouvements externes c’est à dire des mouvements directement visibles à l’œil. Le pratiquant doit comprendre avec l’expérience qu’il existe en fait plusieurs niveaux de mouvements dans les arts martiaux.

J’en distinguerai deux :

  • Mouvement volontaire de niveau  1 (MVN1) : il s’agit de mouvement volontaire que chacun de nous est capable d’exécuter et de visualiser avec ses yeux.

Exemple : quand je tends la bras pour réaliser un tsuki, je vois mon bras se tendre progressivement.

  • Mouvement volontaire  de niveau 2 (MVN2) : il s’agit de mouvement volontaire subtil par rapport au premier. Je le caractériserai ici comme un “mouvement volontaire dans le mouvement de niveau 1”.  Ce mouvement est guidé par un travail fin d’intention (Yi).

Exemple : l’action de tendre le bras pour réaliser tsuki  (MVN1) peut être complété par un mouvement complémentaire dans le bras (MVN2). Ce mouvement complémentaire, ne se voit pas avec nos yeux mais se ressent concrètement grâce à une conscience corporelle travaillée et affinée. En réalisant tsuki ainsi, on réalise alors un double mouvement : l’un visible (MVN1) et l’autre invisible (MVN2), ce dernier ayant des conséquences directes sur l’exécution du premier (MVN1).

Concrètement le MVN2 qu’est ce que c’est ?

Et bien sur le principe cela est finalement assez simple : le MVN2 doit permettre (sur l’exemple du bras lors d’un tsuki), d’agrandir l’espace dans le bras (espace interne). Attention, ce mouvement d’agrandissement n’a rien à voir avec le fait d’agrandir l’enveloppe visuelle du bras. C’est là que repose toute la subtilité…

Or, le problème majeur en shotokaï (j’ai d’ailleurs appris le karaté shotokai ainsi) est que l’on porte trop souvent une importance prioritaire à l’agrandissement du mouvement sur un plan visible (plan externe). Cela peut être un vrai frein à la progression car agrandir un mouvement sur un plan externe n’implique pas que l’on soit capable d’activer le MVN2. Pire encore, une grande amplitude sur un MVN1 peut parfois complètement nuire à l’activation du MVN2.

Le risque de ne travailler que les MVN1 (car on ne sait en fait pas comment activer le MVN2 ou on ignore l’existence même de ce MVN2) est d’exécuter à terme des mouvements sans consistance, des mouvements pouvant être jolis en apparence mais trop mous et inefficaces tant sur un plan santé que martial.

Un bon keiko à mon sens doit amener à travailler ce genre de principe structurant. Il faut répéter des choses très précises pour espérer s’améliorer sinon l’entrainement ne sert pas à grand chose. Pire encore, la répétition erronée peut nous mener vers une régression technique sans même que nous nous en rendions compte. La vigilance est de mise !

Ce qu’il faut retenir :  l’amplitude du mouvement est à chercher prioritairement à l’intérieur du corps et non pas uniquement à l’extérieur sous peine de ne pas ressentir le “vrai mouvement” nourrissant la technique. Le “vrai mouvement” cherche à agrandir l’espace non visible de tout le corps. Beaucoup de subtilités naissent de ce principe d’agrandissement de l’espace interne global. Rechercher l’activation de ce principe, offre une réelle renaissance structurelle du corps.

Cela dit, les règles d’application de ce principe doivent être très précises sous peine de ne strictement rien ressentir.

Je vous souhaite sincèrement de chercher sur ce principe et de voir ce que cela peut impliquer concrètement sur votre propre pratique.

Les bénéfices en sont considérables. Par ailleurs, l’utilisation des MVN2 hisse réellement la pratique au rang d’art car pour utiliser les MVN2, l’esprit devra être hautement créatif… la notion “d’harmonisation corps et esprit” fera alors pleinement sens dans votre pratique, soyez en sûr !

Pour ceux d’entre vous qui souhaitent en savoir plus sur l’activation et l’utilisation précise des MVN2 : stage gratuit du 16 février 2019.

A bientôt 🙂

Travail de l’intention (Yi) : secret de la force globale ?

Yi : intention

Acquérir la maîtrise dans les arts martiaux, est un long chemin fait de questionnements et de remise en cause permanente. En karaté acquérir la maîtrise n’est pas fonction du temps passé à s’entraîner mais plutôt de la qualité de l’entrainement. Il me semble impératif de privilégier le qualitatif au quantitatif, ce dernier pouvant user le corps à court, moyen ou long terme.

Que signifie travailler avec qualité ? Comment savoir si l’on est sur la bonne voie pour acquérir la maîtrise ?

A mon sens travailler avec qualité exige au moins trois choses :

  • Mettre rigueur et discipline dans sa pratique,
  • Eviter les blessures. On ne le dit jamais assez mais la pratique du karaté do est d’abord faite pour la santé alors n’est ce pas un non sens de se blesser en pratiquant ?
  • Développer une conscientisation fine de l’état du corps par l’intention (Yi dans les arts martiaux chinois). Attention j’insiste, la conscience seule ne suffit pas. Il faut obligatoirement mettre en œuvre le travail fin et subtil du Yi pour faire de votre pratique, une pratique de qualité.

C’est sur ce dernier point que je souhaite développer cette réflexion martiale aujourd’hui. Maîtriser son corps, puisqu’il est avant tout question de cela dans les arts martiaux, exige une introspection fine de son mouvement corporel sur un plan interne (domaine du non visible).

Prenons cinq  exemples et comparons les pour mieux comprendre. Je vous propose une comparaison sur  la base d’une technique d’attaque en nukite (attaque piquée de la main avec le bout des doigts) réalisée en kiba dachi (posture du cavalier de fer). Je précise que les exemples suivants sont des schémas de principe que j’ai produit et volontairement simplifiés pour la compréhension. J’ai conscience qu’ils  exigeraient de plus amples précisions pour être complet. Mais commençons simple et global sur un plan théorique. Les cours pratiques compléteront le reste.

Ci-après la technique proposée pour la réflexion martiale de ce jour (je choisis volontairement nukite uchi et non haishu uke car cela sera plus simple pour cet exemple) :

Ci-après les 5 exemples proposés classés par niveau d’expertise croissante.

NIVEAU 0 : J’apprends le mouvement dans sa forme visible, je veux juste avoir une forme propre en apparence. Pas de Yi martial car je ne sais même pas de quoi il s’agit.

  • Conséquences : Chaos structurel, corps excessivement contracté (ou inversement trop mou) impliquant une difficulté à tenir la posture trop longtemps. Le corps se fatigue vite et le mouvement est en réalité fragile.

  • Explications : ici le pratiquant débutant a une conscience très faible voir quasi inexistante de son état corporel lors de l’exécution du mouvement. Il ne se préoccupe que de la forme visuelle du mouvement car en réalité il n’a pas encore conscience qu’un autre travail plus fin et subtil existe. Son intention se résume donc à tendre le bras et à lutter pour maintenir sa posture. Le mouvement visuel reste la seule référence sur laquelle s’appuie le débutant pour savoir s’il fait bien ou non. Il a alors tendance à se fier à sa vue et se focalise sur les extrémités de la technique: ici sa main droite. Son corps est alors martialement “vide” : il n’est pas rempli de force subtile (force interne). En revanche son corps est chargé de contractions inutiles et chaotiques souvent accentuées dans les épaules et les cuisses (quadriceps). Des tensions inutiles peuvent aussi être présentes dans tout le reste du corps (cela dépend en fait de comment le pratiquant utilise son corps au quotidien). A ce niveau c’est comme si le corps était constitué de plein de blocs de pierre indépendants, non communicants. Le ki circule mal et des lésions peuvent apparaître à long terme. A ce niveau le pratiquant n’a bien souvent pas conscience de sa raideur excessive.

NIVEAU 1 : Je cherche à mettre de la force dans mon bras mais le Yi généré est mal orienté car en fait je n’ai même pas conscience de comment me servir précisément du Yi.

Conséquences : Chaos structurel persistant, corps excessivement contracté avec une force prisonnière dans le haut du corps témoignant d’un Yi maladroit du pratiquant.

Explications : ici le pratiquant est un peu moins débutant (car connaissant déjà le mouvement dans sa forme apparente) commence à prendre conscience que son corps est beaucoup trop tendu (ou inversement trop mou). Cela dit, il ne sait pas ce qu’est le travail du Yi et interprète donc maladroitement ce que signifie mettre de la force  dans le mouvement. Le pratiquant à ce stade comprend donc qu’il doit gainer et contracter son corps au plus proche de la zone de contact qui va toucher l’adversaire. Ainsi il accentue la force brute dans le haut du corps (épaules, bras) et oublie en conséquence le bas de son corps : il perd la conscience des jambes et les appuis deviennent “flottants”. Sa structure corporelle est ainsi fragilisée et bancale. La force est déportée vers le haut du corps et s’avère être non globale. Ce niveau est légèrement mieux que le premier dans le sens où le pratiquant tente d’orienter son Yi, certes très maladroitement mais il y a les prémices de quelque chose. Une première intention est donnée au mouvement : celle d’envoyer la force dans le bras et la main.

NIVEAU 2 :  je souhaite davantage m’enraciner car j’ai désormais compris l’importance des appuis, je décide donc d’abaisser mon centre de gravité. Le Yi est existant mais toujours mal guidé car je n’ai toujours pas conscience de comment me servir précisément du Yi. Mais je cherche à optimiser comme je peux…

Conséquences : chaos structurel persistant, corps excessivement contracté avec une force cette fois-ci prisonnière dans le bas du corps à cause des tensions excessives générées par l’affaissement de la posture (causé par le léger abaissement du centre de gravité).

Explications : à ce niveau le pratiquant comprend qu’il n’attache pas assez d’importance au travail du bas du corps. Il va donc accentuer la force dans les jambes en pliant davantage les genoux. Sans savoir comment utiliser concrètement le Yi, une force brute est alors toujours mal répartie et déportée cette fois-ci à l’excès dans la bas du corps. Erreur une fois de plus maladroite ! La force est diffuse et s’avère être toujours non globale. Cette segmentation de la force ne permet pas d’équilibrer pleinement le corps et “étouffe” le transfert de force devant être conduit du sol jusqu’à la main pour cet exemple. Sans un travail du Yi bien orienté, il sera extrêmement difficile de progresser et d’aller plus loin. Même si ce niveau est plus intéressant que le précédent (car l’intention de se servir du sol est ici présente), cela n’est clairement pas acceptable sur du long terme. Malheureusement, beaucoup de pratiquants se trouvent donc bloqués à ce niveau pendant des années et pensent avoir atteint leur plein potentiel. En clair, aucune cohérence de mouvement n’existe sur un plan interne dans les niveaux 0, 1 et 2.

Pour trouver la cohérence, il existe en réalité au moins trois niveaux supplémentaires accessibles si l’on pratique avec méthode et rigueur. Une chose est sûr, si le corps est trop mou ou trop contracté, impossible d’atteindre ces trois niveaux. Il faut, pour les développer, être relâché et apprendre à se servir du Yi en l’orientant correctement. Poursuivons…

NIVEAU 3 :je découvre enfin comment orienter correctement mon Yi. Ma conscience s’est élargie. je comprends désormais que je travaillais effectivement mal. Ma conscience s’est élevé. Je dois désormais changer mon schéma corporel pour apprendre à ressentir la substance interne et la contrôler. Pour cela je dois d’abord apprendre à me relâcher pour estomper les tensions inutiles. Je devrai pouvoir mieux ressentir l’apparition de la substance interne, aussi appelée état de subtilité martiale ou état de cohérence interne. 

Conséquences : le Chaos s’estompe  progressivement pour laisser place au cosmos. Le guidage juste mais encore frêle du Yi fait émerger une cohérence élastique autour de certaines zones d’accroche précises du corps.

Explications : à ce niveau le pratiquant sait désormais qu’il doit oublier son ancien mode de fonctionnement qui paralysait (malgré sa bonne volonté) beaucoup de choses dont :  vitesse, puissance, précision… Son corps est donc désormais plus relâché (disparition des contractions inutiles) et ce relâchement associé à une orientation correcte du YI permet de mieux écouter l’état de  son corps et de dessiner de nouvelles activations spontanées tendineuses/musculaires. Dès cet instant la rééducation du corps est en marche. La conscience du corps grandit peu à peu : les zones “floues” du corps apparaissent désormais comme des zones précisément identifiées. Cela dit, il reste encore du travail pour relier en cohérence les zones d’accroche fraîchement éveillées.

NIVEAU 4 :  J’ai enfin réussi à estomper toutes les tensions inutiles de mon corps, je visualise clairement mon travail interne et je peux enfin ressentir une connexion globale de mon corps. Ma structure corporelle apparaît désormais claire et évidente. Je ressens précisément des axes/lignes d’actions élastiques à travers ma structure. Ma conscience corporelle est hautement élargie.

Conséquences : Cohérence interne naissante à travers le relâchement avec retrait des contractions excessives inutiles et émergence d’une force élastique grandissante dans le corps.

Explications : à ce niveau il est question de relier progressivement et équitablement les zones d’accroche du corps entres elles selon la forme et la direction qu’impose la technique. Le corps se transforme alors à l’intérieur par des micro-ajustements structurels qui forment un maillage tendineux/musculaire complexe et cohérent : comme une toile interne élastique de tout le corps, contrôlable et capable de s’étirer comme un ruban élastique. De nouvelles sensations apparaissent alors : le Ki commence à s’éveiller et à chauffer le corps, l’énergie circule librement et à grande vitesse. La matérialisation de la force interne prend alors vie et cet état nouveau, travaillé régulièrement, devient actif instantanément selon la volonté du pratiquant. Par ailleurs la notion de centre (hara) prend tout son sens et devient un point de passage ou un point de convergence des forces selon le mouvement exécuté. De plus, le pratiquant atteint un niveau de très haute synchronisation corporelle et de fait possède une haute conscience des forces engagées dans son corps lors du mouvement. Le niveau est haut de gamme et incomparable aux états précédents en terme d’efficience. Le corps est alors prêt pour s’essayer à  “sortir la force”.

NIVEAU 5 : en étant relâché et grâce au contrôle parfait du Yi je suis désormais capable d’activer instantanément les zones floues de mon corps et je sais rendre mes élastiques tendineux / musculaires cohérents afin de pouvoir générer une force globale. Cette force globale est la fameuse force interne appelée aussi force multidirectionnelle , force intelligente ou plus communément force souple. Je ressens mon corps sous “pression”. L’état subtil est prêt à livrer sa force.

Conséquences : Cohérence interne désormais exploitable à des fins martiales.

Explications : enfin le pratiquant sait désormais éveiller sa force interne sur ce mouvement. Il peut l’activer à souhait tel l’éclair jaillissant des cieux et générer une puissance explosive supérieure à la normale. La force prend racine dans le sol et s’exprime à travers le corps pour finir sa course dans la main en nukite. Cette force est équivalente au Fajing chinois. Elle traverse le corps libéré de toute contraction inutile et finit sa course projetée hors du corps sous forme d’onde vibratoire.

Conclusion

Personnellement, je pense que la force souple évoquée et tant recherchée dans le shotokai est clairement celle du niveau 5 : complexe et raffinée,  elle ne peut émerger qu’à travers le relâchement et si l’entrainement est précis, guidé et assidu.

Désormais il conviendra de savoir quelle est la méthode précise permettant de passer du niveau 2 jusqu’au niveau 3, 4 et 5… beaucoup de paramètres rentrent en jeu dont : la respiration, la visualisation mentale, etc…

Par ailleurs chaque mouvement, chaque posture possède ses propres règles pour éveiller le niveau 4 (ainsi que le niveau 5 si émission de la force il y a). Le travail d’introspection interne devient alors passionnant pour ceux qui n’ont pas peur de chercher à rééduquer leur corps dans sa globalité ^^

Une chose est sûre : Il y a beaucoup de travail ! Les entraînements sont là pour ça !

Bonne pratique à vous.

A bientôt.

Alexandre.

Du Bubishi à la création massive de styles martiaux : vers une extinction progressive des arts martiaux ?

Amis budokas, bonjour.

C’est avec plaisir que je rédige une fois de plus cette nouvelle réflexion martiale qui me permettra de vous livrer une vision personnelle sur des questionnements relatifs à la notion de « style » dans les arts martiaux. Une fois de plus j’insiste, il ne s’agit pas de vérités absolues mais plutôt des convictions personnelles que je porte et que je souhaite partager tout simplement avec vous. Bonne lecture à tous.

Vous avez dit style !?

Lorsque l’on souhaite s’inscrire pour la première fois dans un club, il est effectivement assez rare que l’on se préoccupe du style enseigné. A vrai dire, on choisit généralement un club qui se trouve à proximité de chez soi et nous nous laissons porter par l’enseignement sans trop se poser de questions. On vient pratiquer le karaté, tout simplement. Lorsque l’on est novice en la matière, ce genre de fonctionnement me semble donc plutôt logique et cohérent. Nous ne demandons en réalité qu’une seule chose : apprendre les arts martiaux. A ce stade nous ne saurons pas encore en capacité de juger pertinemment le style de karaté se présentant à nous : notre référentiel de connaissance et de pratique nécessitera d’être plus avancé pour cela.

En revanche lorsque notre intérêt pour les styles commence à s’éveiller, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une jungle impressionnante : shotokan, wado ryu, goju ryu, shito ryu, kyokushinkai, etc… Autant de styles réunis autour d’une même famille : le karaté. Il est d’ailleurs assez surprenant de se rendre compte à quel point au sein d’un même style il peut aussi y avoir des sensibilités différentes, voir même des différences considérables…C’est notamment le cas en shotokai. Je serai presque tenté de dire qu’il y a autant de styles shotokai que de professeurs l’enseignant… C’est dire à quel point il est difficile de s’y retrouver.

Meilleur style ? Qui a raison ? Quoi choisir ?

La première question qui vient souvent à l’esprit face à tous ces styles lorsque l’on débute est la suivante : quel est le « meilleur style » ?

Cette question est en fait limitante et en appelle une deuxième : « meilleur style » pour quoi faire ?

Si l’objectif est de casser des briques, le shotokai n’est pas à l’honneur…

S’il s’agit de faire de la compétition, le shotokai une fois de plus n’est pas à l’honneur…

En réalité, le meilleur style est celui qui fait écho à vos objectifs personnels. Si votre objectif est de chercher la souplesse du corps, certains styles sont alors plus adaptés que d’autres. Si votre objectif est de savoir vous défendre alors en revanche il faudra davantage orienter la question car tous les styles d’arts martiaux répondent majoritairement à cet objectif : êtes-vous alors plus attirés par les saisies, les percussions, les projections, le contact, etc… ? Car en effet, même si certains styles abordent tout cela, il y a bien souvent des dominantes par style (sans parler du fait que le sensei peut aussi avoir ses préférences sur le choix des éléments enseignés, mais là n’est pas le débat…).

Il faut donc savoir quels sont vos objectifs personnels pour trouver la réponse à cette question. En d’autres termes, il n’y a donc pas de « meilleur style », il y a plutôt des « meilleurs choix » en fonction de vos objectifs et de votre propre personnalité.

La prolifération de styles

Ce qui est intéressant est aussi de s’interroger sur la cause d’une telle prolifération de styles et leurs particularités ? Pourquoi certains karatéka travaillent-ils sur la base de posture haute ? Pourquoi d’autres privilégient-ils des postures basses ? Pourquoi certains favorisent-ils au contraire plus le travail des mains ouvertes quand d’autres insistent sur le travail des poings serrés ? Pourquoi certains styles ont-ils des katas spécifiques non répertoriés ailleurs ? Cherchons nous finalement la même chose ?

Au commencement il est important de comprendre que les arts martiaux puisent leurs racines dans une source commune : le bubishi (considéré à ce jour comme la source ancienne originelle des techniques martiales du karaté, l’un des ouvrages possiblement fondateur du karate-do). De l’Inde, les arts martiaux sont passés par la Chine notamment par le célèbre temple de Shaolin (on connait le nom du mythique moine Bodhidharma qui aurait œuvré à la notoriété de ce temple) et ont poursuivis leur voyage vers Okinawa et le Japon.

A mon sens la prolifération des styles est une conséquence de trois phénomènes cumulables :

  • Cause 1 : la topographie du lieu de vie du pratiquant et l’observation de la nature

On lit souvent que certains styles anciens ont été créés et adaptés en fonction du lieu de vie des pratiquants. Certains vivaient proches des rizières et des cours d’eau et passaient la majorité de leur temps les pieds dans l’eau ou sur des barques ce qui privilégiait alors le développement des membres supérieurs au quotidien. D’autres vivaient dans les plaines et les montagnes où la marche était plus courante favorisant donc le développement des jambes dans la pratique. Cette scission topographique, cumulée à une appropriation de mouvements inspirés d’une faune riche et variée, a pu donner naissance à la création de styles différents. Cette théorie simpliste peut être un point de départ expliquant les différences de styles anciens connus notamment entre les boxes chinoises du nord et du sud (qui ont progressivement données naissance aux styles de karaté que nous connaissons actuellement).

  • Cause 2 : l’interprétation personnelle du pratiquant

Certains pratiquants ont très certainement réinventés leur pratique sur la base de ce qu’ils en avaient compris à l’époque où ils étaient élèves. Mais qu’en avait-il compris ? Dans ce cas de figure, le style devient alors une traduction personnelle d’un enseignement reçu. Une pratique susceptible de devenir une vision déformée ou réductrice par rapport au message d’origine transmis.

En appliquant cette logique sur plusieurs années, on comprend en fait que le phénomène a pu s’accélérer avec le temps, provoquant la naissance de variantes techniques en tout genre et faisant émerger la création de quantités de styles différents. A ce stade de la réflexion, deux possibilités distinctes apparaissent  :

  • soit le style créé comble des lacunes,
  • soit le style créé engendre des lacunes (souvent involontaires). 

Dans le premier cas, les conséquences sont positives car elles œuvrent généralement dans le développement des arts martiaux.

Dans le second cas, les conséquences sont désastreuses et mènent tout droit vers des impasses techniques et des escroqueries. En créant un style ainsi, nous créons de la nouveauté, mais créons nous de la pertinence ? A mon sens, on noie en fait encore un peu plus le message d’origine et les principes sous-jacents à l’art martial. Mais le pire dans tout cela est que le pratiquant débutant n’y verra que du feu et sera trompé. Il perdra indéniablement son temps et s’en rendra compte bien trop tard.

  • Cause 3 : le business

Le karaté est une discipline qui s’inscrit dans le budo mais qui semble perdre peu à peu son caractère intrinsèque au fil du temps. On ne va pas se mentir, les arts martiaux sont devenus eux aussi un levier d’action permettant de générer une forme de business. Ainsi le karaté est devenu aussi un sport, du spectacle et les techniques martiales sont devenues progressivement des techniques répondant à un cadre sportif s’éloignant donc des origines même de ce pourquoi l’art martial avait été créé au départ. Il s’agit d’une vision moderne du karaté avec ses avantages et ses inconvénients.

Les dangers potentiels du temps…

Un style est donc souvent amené à évoluer au fil du temps mais se retrouve du coup exposé au risque d’être peu à peu déformé de son sens originel. Personnellement je pense que le style shotokai a pu en faire les frais. Il y a eu je pense, des erreurs d’interprétation sur les messages laissés par maître Egami. Les connaisseurs savent que le style shotokai est réputé pour ses postures basses et ses techniques réalisées en souplesse. Mais que faut-il comprendre derrière cela ? Il ne s’agit clairement pas de pratiquer “mou” ou “sans kime”, et encore moins de traumatiser son corps en se déplaçant à raz le sol. Je doute que Maître Egami souhaitait laisser de tels messages aux pratiquants. A quoi pensait-il lorsqu’il évoquait l’idée de gagner en efficacité à travers le relâchement ? La réponse me semble se trouver dans l’étude de la transversalité des arts martiaux : qu’est ce qui relie au final tous les styles d’arts martiaux ?

Chercher la transversalité à travers les styles pour trouver des réponses et revenir aux sources

Ce qui me parait le plus important avant d’observer d’abord les autres styles, c’est avant tout de s’interroger déjà sur son propre style et de le travailler avec régularité et intelligence. Que faut il comprendre derrière les mouvements appartenant à mon style ? Pourquoi ces mouvements sont ils réalisés de cette manière et qu’en déduire ? Quels avantages, quels inconvénients ? Il ne s’agit pas de répéter seulement des mouvements. Il faut chercher bien plus.

Suite à cela, il devient effectivement  fondamental d’aborder les autres styles comme des opportunités permettant d’enrichir progressivement son propre style et essayer de mieux le comprendre. Ne pas rejeter ce que font les autres styles mais chercher au contraire à les analyser et à les adapter à sa vision personnelle du karaté.  Je suis convaincu que le style n’est en fait qu’une porte d’entrée possible dans le monde des arts martiaux, une porte d’entrée qui doit permettre d’accéder à la maîtrise de quelque chose de commun à tous les arts martiaux (notion de transversalité). L’importance de la pratique n’est donc pas de cultiver les différences de son propre style, ni même d’apprendre des milliers de techniques mais plutôt de découvrir le mystère du mouvement universel à partir duquel il deviendra alors possible de se libérer de la forme, de briser les chaînes qui nous enferment dans un style précis.

Le style martial pratiqué doit ouvrir la conscience du pratiquant sur ce qui est invisible en apparence mais concret, car là se cache l’essence des choses. Seulement au prix d’une telle recherche nous pouvons, je crois, espérer retrouver une certaine authenticité dans la voie des arts martiaux. Sans cela, les arts martiaux ont ils encore un sens ? Personnellement, je pense que non et que nous nous exposons au risque de dénaturer un art noble en une pratique réduite à singer des mouvements fades et inefficaces.

Les arts martiaux sont bien plus que cela.

Ne laissons pas le temps usurper et effacer des trésors millénaires. Cherchons au contraire à les identifier, à les cultiver et surtout à les préserver pour les offrir à notre tour aux générations présentes et futures, puissent-ils en comprendre l’essence.

En conclusion, faire de notre style, un outil de transmission lisible et éternel pour que jamais ne meurent les trésors martiaux.

A bientôt.

Alexandre.